Du 29 mai au 6 juin dans le Dévoluy
Participants : Évelyne CRÉGUT (paléontologue-musée d’Avignon), Christophe GRIGGO (paléontologue-université de Savoie), Christian BÉRARD (GS Carpentras), Titouan BERTOCHIO (SCA-GAP), Philippe BERTOCHIO (SCA-GAP), Vincent DATRINO (Étudiant en Histoire), Valérie BOSC (SCA-GAP), Brigitte TAINTON (SC-Var), Nicolas PETITEAU (SCA-GAP), Isabelle COMTE (SCA-GAP), Cathy BABI (SC Sophia-Antipolis), Éric MADELAINE (SC Sophia-Antipolis), Églantine CANCEL (SCA-GAP), Christophe BOULANGEAT (SCA-GAP).
Participant d’honneur : André BOREL qui va monter matériel et personnel tous les jours avec son tracteur.
Découverte en 1990, la cavité est à nouveau visitée dans le cadre d’un inventaire biospéologique en automne 2021. De gros os, déposés sur le bord de la galerie pour éviter de les piétiner m’intriguent. Ils sont vraiment gros ! Et une vache aurait bien eu du mal à se faufiler jusque là, même à quinze mètres de l’entrée. Aujourd’hui, il nous faut ramper sur trois mètres, puis à quatre pattes sur six mètres avant de pouvoir se relever. Je prends quelques photos avec un réglet pour l’échelle. J’en profite pour réaliser d’autres clichés des ossements éparpillés. Un crane de chien, de chamois… un véritable ossuaire.
J’envoie les clichés des gros os à plusieurs spécialistes qui me répondront sans hésitation qu’il s’agit bien d’ours. Ce n’est que huit mois plus tard, lors d’une réunion de la commission scientifique du Comité régional de spéléologie de Provence Alpes Côte d’Azur (CSR-SUD) que je rencontre Evelyne CRÉGUT. Elle identifie immédiatement le crâne de chien comme un dhole, un canidé que l’on ne trouve plus qu’en Asie du sud-est aujourd’hui. Il aurait disparu de nos contré il y a 10000 ans. La découverte est de taille car c’est le premier crâne découvert en France et en parfait état de conservation. Les services archéologiques régionaux sont prévenus. Evelyne dépose une autorisation de sondage du site. Il nous faut attendre maintenant l’autorisation et surtout une saison propice à ces activités.
Les sédiments sur le sol sont peu épais. Des blocs s’intercalent régulièrement à l’argile ou le mondmich. Les paléontologues professionnels et bénévoles vont rapidement atteindre la partie stérile. Le chantier s’arrêtera une semaine plus tôt faute de terrain. Cependant, les résultats sont très encourageants. Ce n’est pas un ours mais plusieurs dont les os sont entremêlés qui ont été découverts. Il y avait bien trop d’humérus pour un seul spécimen. Pour le dhole, la récolte est encore plus intéressante. La seconde mandibule a pu être dégagée. Le bassin a été découvert en parfait état, encore une première pour la France. Il ne manque que les os longs des membres antérieurs.
Cette découverte comme ce chantier a été une parfaite illustration de la riche collaboration entre spéléologues curieux et scientifiques passionnés. Les spéléologues montrent ainsi une facette rarement visible, occulté par l’aspect loisir, celle du naturaliste. Au-delà de la course au record ou de la simple contemplation, le regard curieux du grottologue peut être à l’origine de découvertes extraordinaires comme l’ont déjà montré Jean-Marie CHAUVET en Vallon-Pont-d’Arc, Henry COSQUER à Marseille…
Un grand merci aux médias qui nous ont faits confiance : le Dauphiné Libéré, BFM d’Ici, France 3 Provence.
Pour France 3